présentation des pauses surréalistes

« La poésie, plus que jamais, acquiert ainsi une portée métalinguistique. Sélectionnant un paramètre, elle l’exhibe, et se montre en train de se faire. »1

Les pauses surréalistes de Bernard B sont des poèmes en prose, sans  signes graphiques de ponctuation (ou ponctèmes).

Dans un poème en prose il n’y a plus de vers. Oubliés les sonnets, les quatrains et les tercets. Envolés les alexandrins, les heptasyllabes ou les vers libres.

Que reste-t-il ? Rien qui ne puisse ressembler au poème traditionnel ou habituel, au poème versifié.

Pourtant.

Le poème en prose devient et demeure un texte. Une suite de signes linguistiques.

Mais un poème en prose appartient bien au genre littéraire poétique car il utilise des figures de style poétiques : métaphores, métonymies, associations inhabituelles de mots, effets sonores et rythmiques, ruptures de construction, accumulations, allographes reposant sur une homophonie, allographes lexicaux pouvant jouer seulement sur la paronymie ou ressemblance de sons, hyperboles, télescopages créant des dissociations, etc.

Aux lectrices et aux lecteurs de découvrir ces figures qui se suivent, se mêlent et se croisent.

La poésie est toujours expérimentale. Son laboratoire est le langage naturel.

La poésie est une aventure syntaxique et sémantique. Une plongée dans l’océan de nos préoccupations. De nos songes. De nos attentes, de nos cris et de nos rires.

Le visible ou l’explicite émergent. Mais l’invisible ou l’implicite demeurent.

Les pauses surréalistes de Bernard B fonctionnent toujours un peu de la même manière, selon des procédés conscients et inconscients par lesquels il invite la lectrice ou le lecteur à découvrir des expressions communes, néologismes, mots-valises, allusions à l’actualité, à la culture artistique (livres, films…) ou scientifique…

Car un poème en prose, contrairement à ce que l’on en dit parfois, ne peut rester un acte gratuit. Un acte qui resterait purement esthétique. Comme tout acte poétique ou artistique.

S’engager dans la langue c’est toujours s’engager. Se livrer. Livrer du sens. Un sens parfois inversé. Un double sens. Un sens dessus dessous. Un sens qui n’est jamais seulement littéral. Une histoire peut s’y glisser. Un conte. Une allégorie. Pourquoi pas?

Une pause surréaliste de Bernard B est un intermède. Un événement poétique qui interrompt provisoirement le cours des choses. Un laps de temps qui fait diversion.

Un interlude, au sens d’un divertissement dramatique (théâtre), musical (sorte de cadence en rythme libre) ou filmé, servant de transition entre deux parties d’un spectacle.

Bref, une pause.

Bernard B

1 Joëlle GARDES-TAMINE, « Normes en poésie contemporaine » ( communication qui a été faite lors d’un séminaire de l’association internationale de stylistique : « Formes et normes en poésie moderne et contemporaine », ouvrage publié sous la direction de Laurence BOUGAULT et Judith WULF, Éditions Styl-m – 2011).