dans les coulisses de l’atelier des possibles le poisson-lune argenté joue du chalumeau à hydrogène atomique car il rêve de déclarer sa flamme à la tortue géante des îles de la Loire mais la tortue ligérienne qui n’est pas la belle au bois dormant préfère jouer au loup solitaire ou pourquoi pas avec la girafe solidaire qui a traversé tant de pays franchi tant d’obstacles et qui est enfin arrivée à bon port à Ratiatum ville-étape dans laquelle juste au fond d’une petite cour pavée de bonnes intentions de la rue Alsace-Lorraine toutes les énergies créatrices battent le fer pendant qu’il est chaud à mille degrés plus ou moins car c’est la température idéale pour transformer un caddie en fauteuil à roulettes idéale pour découper des morceaux choisis de bois d’aubaine idéale pour percer des silences en or massif poncer des imperfections de quelques dixièmes de millimètre d’épaisseur humaine souder des débris de métal hurlant un jour de pleine lune sous laquelle grâce à l’alchimie divine on peut voir naître des êtres hybrides de chair et d’os des êtres soudés les uns aux autres solidaires et fiers exhibant leur masque de dragon leurs lunettes astronomiques leurs gants usés par la rouille et recouverts de poussière d’étoiles de mer rouge qui se dépose à l’infini dans le cyclo-simulateur où l’on tourne en boucle des images vidéo de la vie ardente d’un poisson-lune argenté
Bernard B