dans le jardin d’à côté les âmes exilées s’enivrent des myriades de pétales du souvenir qui recouvrent les allées du pouvoir à sens inique et dessinent un tapis pourpre d’émotion de sueur et de sang bouillonnant de rêves et d’espoirs de craintes et d’illusions éphémères s’évanouissant dans l’aurore australe d’une pluie battante une pluie de protons d’exécution contrariés par un festival de couleurs et de senteurs où la rose pourpre du Caire côtoie un essaim de fleurs de java et les tournesols d’un Van Gogh rejoignant Gauguin au bal du crépuscule des idoles qui sous leur masque d’Arlequin se délectent secrètement d’un bouquet final d’étoiles aux reflets d’émeraude aux reflets d’argent blanchi aux îles crocodiles dans lesquelles les pêcheurs esthètes tuent leur temps à relever des casiers vierges des casiers à bouteilles jetées à la mer des sarcasmes des bouteilles d’or massif gisant dans les sombres abysses où repose Frida Kahlo à la colonne brisée en mille fragments de vers aux rimes féminines et masculines aux rimes embrassées au coin de la rue des soupirs aux rimes croisées un soir d’été indien aux rimes suivies par l’ombre d’un doute glissant sur l’onde radiophonique qui franchit la frontière invisible entre le monde du silence et les échos ricochant sur la vague de fond mystique du cercle des poétesses disparues puis réapparues entre trois points de suspension télescopique inondant d’une lumière inspiratrice le jardin des délices
Bernard B