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A propos Bernard B

Bernard B, auteur

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dans le jardin d’à côté les âmes exilées s’enivrent des myriades de pétales du souvenir qui recouvrent les allées du pouvoir à sens inique et dessinent un tapis pourpre d’émotion de sueur et de sang bouillonnant de rêves et d’espoirs de craintes et d’illusions éphémères s’évanouissant dans l’aurore australe d’une pluie battante une pluie de protons d’exécution contrariés par un festival de couleurs et de senteurs où la rose pourpre du Caire côtoie un essaim de fleurs de java et les tournesols d’un Van Gogh rejoignant Gauguin au bal du crépuscule des idoles qui sous leur masque d’Arlequin se délectent secrètement d’un bouquet final d’étoiles aux reflets d’émeraude aux reflets d’argent blanchi aux îles crocodiles dans lesquelles les pêcheurs esthètes tuent leur temps à relever des casiers vierges des casiers à bouteilles jetées à la mer des sarcasmes des bouteilles d’or massif gisant dans les sombres abysses où repose Frida Kahlo à la colonne brisée en mille fragments de vers aux rimes féminines et masculines aux rimes embrassées au coin de la rue des soupirs aux rimes croisées un soir d’été indien aux rimes suivies par l’ombre d’un doute glissant sur l’onde radiophonique qui franchit la frontière invisible entre le monde du silence et les échos ricochant sur la vague de fond mystique du cercle des poétesses disparues puis réapparues entre trois points de suspension télescopique inondant d’une lumière inspiratrice le jardin des délices

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sous les pavés de pierre de lune rousse c’est une plage de sable fin qui glisse entre les six doigts translucides de l’humanoïde aux mille souvenirs bien ancrés dans sa mémoire cache-cache où s’effleurent des corps célestes munis de lampes hallucinogènes où se bousculent des chimères sans queue ni tête où un quartet de soldats de plume sonne la charge en coulisse sous un ciel de cuivres sous une trompette de neige sous une averse de trombones à piston à double effet de surprise sous une grêle de croche-pieds sous un cyclone polaire de demi-tons en boîte de nuit sous un orage de notes piquées au vif du sujet de la phrase musicale que l’humanoïde claironne dans l’espoir du grand renversement des tables rondes en langue de bois non équitable dans l’espoir du grand effondrement de la tour infernale dans l’espoir d’un nouveau paradigme sans dogmes dans l’espoir de trouver sous les pavés de pierre de lune noire une plage de sable sans fin ni fond

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d’un aéronef à voile aux couleurs de l’arc-en-ciel l’intrépide amazone de turbulence saute sur son cheval ailé puis tombe de haut quand elle atterrit au Zadiland qu’elle parcourt de long en large et de haut en bas en passant par les quatre coins d’une vaste pièce de théâtre de rue à sens unique en son genre d’une rue à sens interdit d’interdire de cultiver son jardin au cœur d’une zone à défendre la place du peuple au cœur d’une zone à fendre du bois pour chauffer l’eau du bain-marie bouillant durant d’interminables nanosecondes au cœur d’une zone à désirer la sobriété monacale d’un vol de macareux sous une pluie de perles du Japon médiéval où les sept samouraïs de Kurosawa engloutissent des financiers leurs parachutes dorés et paradis fiscaux avec pendant que l’amazone d’influence laisse frémir à feu doux la révolution des utopies libertaires en remuant à l’infini jusqu’à ce qu’une crème brûlée d’étoiles de mer de java des bombes atomiques embrase une mousse glacée d’étoiles filantes au crépuscule des idoles enfin repues

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sous une lune de miel de montagne russe la jeune australopithèque issue des beaux quartiers d’orange amère du miocène supérieur songe à la pinacothèque andalouse qu’elle a visitée le jour d’après la nième extinction de l’oiseau rare qu’Audubon immortalise dans son carnet de dessin au nombre infini de feuilles d’eucalyptus pendant que l’homo sapiens sapiens fervent chasseur d’images d’Epinal et farouche cueilleur de citrons verts de la Nouvelle-France orientale cherche à l’aide de son céleste gépéesse à se rendre au musée du Prado de Madrid pour y dérober le tableau en deux parties de Dürer celui qui représente Adam et Ève celui où le serpent présente une pomme tentation à Ève alors que les papilles papales d’Adam rêvent d’engloutir une religieuse parfumée au café allongé dans le Jardin des délices une religieuse parfumée au café serré contre son prochain mais Ève n’est pas dupe car la pomme d’Adam n’est que le fruit de l’imagination des papesses et sous-papes ayant traversé les siècles des siècles sans emprunter les passages réservés aux piétons du Mont-de-Piété situé juste en face de la colline de Montmartre où chaque soir l’impavide abbesse de la rue des Martyrs s’enivre d’un lait d’ânesse avec son amie australopithèque issue des beaux quartiers d’orange sanguine du miocène supérieur

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une jeune dame âgée de cent septante-six ans aux cheveux poivre et sel de mer rouge tente une énième fois de nager dans le sens inverse des aiguilles d’une montre afin de remonter à contre-courant le tourbillon de l’onde radio portative qui diffuse à satiété du Satie répétant en boucle d’oreille grande d’attention ses Gymnopédies si légères qu’elles finissent par rejoindre un nuage de lait de riz long de trois mètres et quelques et des poussières d’étoiles de mer de Chine que la jeune dame aux six doigts agiles cueille une à une au rythme de la mélopée des gastéropodes et pendant que ces derniers de la classe des mollusques glissent telle une procession étrusque le long d’une tapisserie royale représentant les Nymphéas Claude Monet au teint lumineux par intermittence entame son ultime plongée en apnée dans une eau vaguement huileuse où un vert chartreuse côtoie un turquoise à l’instant même où le Nautilus du capitaine Némo évite de sang-froid l’imposante nageoire caudale d’une baleine boréale perdue dans les Limbes du Pacifique océan pigmenté d’une myriade de polymères de couleur rouge sang qui s’échouent avec mélancolie sur les rivages intérieurs d’une jeune dame âgée de cent septante-six ans et des poussières

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sept minutes après s’être enfuie de l’île du diable la coccinelle mutine conservant sous ses élytres divins son pense-bête à bon dieu ou à bonne déesse survole la baie des anges déchus puis se pose en hélicoptère sur le toit végétalisé de la tour de Babel comme le jour d’après l’effondrement du bloc-notes de musique de requiem car la coccinelle experte en collapsologie l’a prédit et redit devant son auditoire tout ouïe qui est prêt à boire les paroles du coléoptère mais brûle aussi d’impatience de s’enivrer du nectar divin rouge ou blanc qui est servi après la conférence au sommet de la tour infernale puis soudainement les convives immortels emportés par la vague à l’âme aiguisée pour couper à travers les champs du possible plongent dans une rivière débordant de lucidité et de cadavres exquis qui glissent sur les neiges éternelles du Kilimandjaro et finissent par fondre dans le livre de sable dont le nombre de pages infini n’en finit pas d’intriguer le cercle des poètes disparus puis réapparus lors de la Fête nautique d’un Prévert poursuivant son activité de collage au grand dam des bien-pensants de tout poil à langue de bois

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avec la patience du diable la tortue sanguine des îles flottantes de l’Océanie attend l’aurore pour disposer malicieusement sa douzaine d’œufs bouillonnante sous un lit de sable vanillé sur lequel se prélassent des amandes caramélisées par le feu ardent de l’astre diurne qui ce jour-là a rendez-vous avec la lune rouge écrevisse pêchée dans les eaux troubles des songes amers où nage furtivement la murène cosmopolite qui envie l’homme-grenouille qui veut se faire aussi gros que le bœuf mais dépassé d’une courte tête par les événements l’homme qui a des grenouilles vert clair à pois rouges dans le ventre et des cadavres exquis chamarrés gonfle d’insolence d’insomnie et de souvenirs émus puis se mue en chasseur-cueilleur de champignons hallucinogènes engloutis en un éclair par la tortue psychédélique qui admire le ciel et s’extasie devant la formation d’un nuage de lait de coco chanel dont la petite robe noire jaillit de la machine à coudre avec parapluies de Cherbourg pour les demoiselles de Rochefort qui ne comprennent qu’à demi-mot la mise en scène occulte d’un Dionysos en train à grande vitesse d’ériger un tétracontagone à quarante sommets enneigés injustement inaccessibles aux heures de pointe et d’embouteillage de vin de grand cru récolté sous une lune rouge écrevisse pêchée lors de la grande marée du siècle de l’infini sevrage

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depuis la nuit des temps le vieil homme et l’enfant observent la migration de l’ours blanc bipolaire de rien n’y comprendre et l’air de perdre le Nord et la raison pour laquelle la banquise n’est plus son exquise demeure un jour ou l’autre car l’avenir de l’ours blanc crème fouettée par les crimes climatiques rétrécit comme une peau de chagrin sous la voûte étoilée au centre de laquelle la Grande Ourse si fébrile a besoin à toute heure d’un défibrillateur afin que les pulsations aphrodisiaques du Grand Chariot dépassent le rythme subliminal du troisième mouvement des quatre saisons de Vivaldi car c’est la saison blanche et sèche qui amène les migrants à quitter bon gré mal gré le rivage des Syrtes à l’aide de leurs rêves pneumatiques gonflés à l’espoir aérien que pour espérer jouir du réchauffement empathique du cœur de l’homo habilis dont le visage en trompe-l’œil et l’expression empreinte de faux-semblants s’accordent pour créer l’illusion du mouvement perpétuel des étoiles de mer de glace que le vieil homme admire pendant que l’enfant au regard vitreux fond en larmes de verre qui se brisent en mille éclats stellaires que respire l’ours en peluche de propylène à repriser l’étoffe meurtrie de la banquise

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une mante religieuse vêtue de son habit vert perroquet se repaît de ses songes prophétiques dans l’ascenseur spatial qui poursuit en douceur sa descente énergétique vers l’anthropocène de théâtre de boulevard planté d’arbres artificiels vendus en kit à la foire d’empoigne par un homo sapiens marchand d’illusions d’optique qui déforment la réalité perçue par les autochtones noctambules d’une ville en transition réduite en poudre par l’explosion de rires jaunes d’un puissant manipulateur de boulier chinois qui coûte que coûte joue à la roulette russe avec les dieux qui rêvent de danser avec le diable au corps dont le poids est proportionnel à la masse des particules élémentaires qui deviennent des électrons libres de toutes les conventions de Genève promue capitale de la fête de l’amour mais pas la guerre sainte nitouche parfois au but quand les ailes du désir de la mante religieuse brûlent à vouloir pénétrer l’antre trop obscène habité par des anges déchus pour avoir hier adoré la sacro-sainte croissance et banni les herbes folles du champ des possibles laissé aujourd’hui en jachère par un homo sapiens devenu adepte de la résilience

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la majestueuse fourmi volante aux ailes diaphanes s’assoupit dans la paume de la main gauche de l’ineffable gardien du phare qui diffuse des idées lumineuses par intermittence du spectacle donné chaque soir au café théâtre de la rue des soupirs et demi-soupirs qui valent plus que la moitié d’un méli-mélomane devenu sans anicroche le chef d’orchestre d’un port d’attaches parisiennes et de trombones à coulisse comme la peau d’albâtre d’une sirène charmée par un fabulateur qui affabule de savon afin de laver les cerveaux cousus de fil blanc qui suivent le fil rouge des souvenirs d’une enfance passée sur la dernière exoplanète découverte grâce à l’intuition nasale alors même que les papes d’Avignon qui ont du nez la croient plate comme une feuille de vigne vierge parfumée et chauffée au bain-marie si amène devant l’éternel gardien sans fard du monde des affaires rangées méticuleusement dans une pièce à tiroir écrite avec tant de vice par un fabulateur versatile qui chaque soir programme son four à micro-ondes radiophoniques sur lesquelles est retransmise la voix lascive de la sirène d’un jour de pleine lune

 

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