Article mis en avant

Aphorismes, pensées furtives…

En raison d’un manque d’imagination généralisé demain est annulé.

Les histoires de consommation d’énergie ça crée des kilowatt-heurts entre les gens.

Certains jours je me perds dans l’allée de mes pensées.

Le nombril, ce deuxième égo.

La pensée unique, ce défilé d’éléments de langage.

Né sous X, première lettre de l’alphabet de sa vie.

Un de mes aphorismes s’est échappé de mon recueil : la police de la pensée le recherche toujours.

À vrai dire quand Jésus fut sur la croix ses anges gardiens ne travaillaient sans doute pas ce jour-là.

Sous les pavés il n’y a plus de plage.

Tant de fois des mots sont morts sur le champ de bataille des idées.

C’est de l’encre invisible qui coule dans les veines de mes mots imaginaires.

Je préfère les réveille-soir aux réveille-matin.

Clamez, déclamez mais ne vous calmez pas, lettres rebelles !

Bernard B (Bernard Barraud)

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Les aphorismes de Bernard Barraud (dit Bernard B)

Un défroqué a toujours un peu mal au culte.

Aujourd’hui je décide que sont ouvertes la chasse aux idées et la pêche à la ligne : les mots n’ont qu’à se tenir à carreau !

Georges Perec aurait pu tirer la chasse d’O mais il a préféré casser des E.

Votre politique de la chaise vide, je m’assois dessus !

Nyctalope : insulte à la nuit.

Les bienheureux, les malheureux et entre les deux les à moitié heureux.

On ne dit pas indifférence mais une différence.

Ma ligne de vie : tantôt une ligne de l’être, tantôt une ligne de maux.

Plus il y a d’éléments de langage moins il y a de langage.

Il suffit d’entendre le mot f’âme pour se convaincre que l’âme y résonne (raisonne) pleinement, contrairement à ce que pourraient dire les z’ommes cons-plotistes.

Combattre le poison des incertitudes avec un antidoute.

Si vous pensez avoir été empoisonnés par un mariage d’argent alors prenez un anti-dot.

Le dérèglement climatique se règle toujours en espèces.

Chaque matin devant mon miroir je me demande combien d’humains vivent sous le seuil de beauté.

La raison a ses failles que Pascal Lafaille ignore.

Dans le train-train de la vie quotidienne on n’a qu’un billet aller-aller.

Je me demande comment l’argent sale peut ne pas avoir d’odeur.

Supprimer l’impôt sur la fortune est une faute de coût.

J’ai enfin trouvé la clef de l’énigme mais ça fait un moment qu’on est passé au digicode.

La clef de l’énigme, oui mais pour quelle porte ?

Les illuminations divines seront chassées par le dieu de la sobriété énergétique.

Bernard Barraud (dit Bernard B)

Aphorismes de toutes les pages écrivez-vous !

(derniers inédits)

La nuit je porte toujours mes lunettes de lune.

La critique tritura l’écrit mais les cris turent la critique.

Pas de jeunesse sans jeu ni de vieillesse sans vie.

DIEU : Dogme Irréel Et Ubuesque

Le surréalisme est mon survêtement littéraire.

Personne n’est jamais seulement qu’une personne.

Le mystère est la réalité vêtue d’une cape d’invisibilité.

Cure divine : on y consomme sans supplice ajouté.

L’avenir a perdu la mémoire.

Je préfère le vacarme des doléances de la rue au vacarme des abus de l’opulence.

La campagne est la compagne fidèle de la nature, mais pas toujours.

Dieu est incapable de vivre seul.

Pour les précaires, survivre c’est sousvivre.

Sous les pavés littéraires le plagiat.

Bernard Barraud (alias Bernard B)

Allez aphorismes c’est à vous !

Dictionnaire alphabétique : commode à vingt-six tiroirs.

Rien ne sert de chercher ce qui existe déjà.

Le taiseux boit les silences dont les autres ne veulent pas.

J’ai comme une lettre au bout de la langue.

Lire lettre à lettre sans mot dire.

Brûler un livre n’enlèvera jamais la puissance des mots.

Je me demande ce que la fin du monde était à ses débuts.

Je nourris certains de mes aphorismes avec des engrais alchimiques.

S’il fallait censurer tous les mots dégradants et diffamatoires contenus dans notre dictionnaire de la langue française celui-ci pourrait vite devenir atrocement maigrichon.

Mon rêve est d’écrire un aphorisme indéchiffrable.

Croquer la vie à pleines dents, sans les pépins si possible.

Plan de dissertation sur la trinité : thèse, anti-thèse, sainte thèse.

Les absents nous manquent qu’au présent.

Adepte de l’écriture participative je te laisse écrire ton propre aphorisme ici : …………………………. …………………………………………………………………………………………………………

Le ru râle dans les campagnes asséchées.

Il m’arrive certains jours de préférer l’heure de silence à la minute de silence.

Thomas Hobbes, tu as dit que l’homme est un loup pour l’homme mais tu as oublié de dire que le loup n’y est pour rien dans l’histoire.

Désolé les mots mais là maintenant je ne peux pas tous vous accueillir.

Bernard B

Vous avez dit aphorisme ?

« L’aphorisme, lorsqu’il est bon, c’est un mot heureux, c’est une vérité ironique, c’est un concentré de philosophie, c’est une flèche qui frappe dans le mille, c’est l’intelligence qui cherche une issue et qui la trouve, c’est de l’humour raffiné, c’est un énorme détail, c’est la drôlerie du bref, c’est de l’éthique subtile, c’est la légèreté de la grammaire, c’est du cynisme surplombant, c’est un vers irréfutable, c’est un fragment lucide, c’est l’élégance de la syntaxe, c’est un tour archaïque et moderne à la fois, c’est tout le contraire d’un pavé, c’est une blague sublime, c’est un conte synthétique, c’est de l’esprit scientifique, c’est une pointe mémorable, c’est un jeu de mots révélateur, c’est un paradoxe inquiétant, c’est une autobiographie d’une ligne, c’est une définition inoubliable, c’est de la sagesse lapidaire, c’est de la joie instantanée, c’est un spectacle subversif, c’est la nostalgie du latin, l’aphorisme, lorsqu’il est bon, c’est l’érotisme de l’intelligence. » (Ramón Eder)

Source : Ce 33ème fragment provient « des quelques 60 fragments et aphorismes issus du recueil Ironías, publié en 2016 par Renacimiento, dans la collection « A la Mínima. Ramón Eder »; l’auteur est l’un des plus grands faiseurs d’aphorismes de notre époque. Méconnu en France, il propose un travail humble et ironique de fragmentation langagière du réel et de réflexion sur l’essence du bref contenue dans la formule aphoristique. » (Carole Fillière, Université Toulouse Jean Jaurès, Maîtresse de conférences : Aphorismes, Sélection et traduction de « métaphorismes » de Ramón Eder, in La main de Thôt – n° 06)

Les aphorismes de Bernard B

Les cauchemars sont des rêves qui se rebellent.

L’humour hume les humeurs de la vie.

Le point d’interrogation, le point d’exclamation, le point d’insoumission.

Quand l’obscurantisme recule c’est toujours une avancée.

Notre planète est devenue une nature morte : merci l’artiste !

Née de parents architectes, elle a un lego surdimensionnée.

J’ai vu une mouette rieuse se poser sur la branche d’un saule pleureur.

Je suis un homme de méninge maniaque qui ne supporte pas la poussière des mots qui vole dans tous les sens.

J’essaie de toujours porter un regard neuf sur les choses quand l’occasion se présente.

Bernard B

Les aphorismes de Bernard B

« J’aime bricoler avec les mots et poncer par moi-même.

Remplacer un dieu et un maître par une déesse et une maîtresse pourrait séduire une ou un anarchiste.

Je suis un psychopathe des mots quand je prends plaisir à les enfermer dans mes mots-valises.

Malgré toutes les histoires que je raconte, je reste une personne sans histoire.

Je suis un psychopathe des mots quand je leur envoie des lettres anonymes.

Il m’arrive parfois de dire à mes principes : personne ne bouge !

Je suis un psychopathe des mots quand je prends plaisir à les enchaîner dans une même phrase.

Bataille de l’information, bataille des chiffres, bataille des idées : ce sont toujours les plus métaphores qui gagnent.

Je suis un psychopathe des mots : un anthropophrase.

J’aurais bien aimé rencontrer mes ancêtres de la première lignée des femmes et des hommes, il y a environ sept millions d’années. N’en déplaise aux créationnistes. »

Bernard B

Les aphorismes de Bernard B.

Rendez-vous inutile, pour une fois !

Le sablier du temps repose sur la plage horaire.

La religion est l’opium du peuple, de la famille des opi’assez !

Quand je pense à tous ces sommets pour le climat alors que nous sommes au bord du gouffre.

Le chiffre 1 est un leader né mais ça se complique quand le 2 arrive puis les suivants.

Aimer son prochain, une prochaine fois.

Puis-je me rendre inutile ?

Je vouvoie toujours le temps, avec lui je préfère garder mes distances.

Le matériel, le spirituel et ledit vin.

Cet esprit érudit suit un régime pauvre en faire.

Je préfère la performance artistique à celle du PIB.

Le chiffre 5 symbolise mes cinq sens : le bon sens, le contresens, le sens inverse, le sens interdit et le sens dessus dessous.

Les aphorismes de Bernard B.

Ma vie est une photographie en noir et blanc avec ici et là quelques touches de colère.

Il est plus facile d’accorder un mot que de s’accorder sur son sens.

Ma vie est une utopie, une île imaginaire que je visite de préférence sur les conseils avisés de mon agence de voyage.

En pleine crise sanitaire, le slogan d’une campagne municipale, « Bâtissons une nouvelle salle des fêtes », n’a pas convaincu.

Une personne monothéiste est une monomaniaque de la chose divine.

Dans le contexte actuel ce ne sont pas les programmes électoraux qu’il faut décrypter mais les imposteurs qu’il faut démasquer.

Le sens d’un mot est comme un giratoire mais attention de ne pas le prendre à contresens.

Pour ne plus avoir à lire entre les lignes, il suffit de supprimer l’interligne.

Le sens d’un mot est cette petite musique faite d’accords, de désaccords et de silences.

Ma vie est ce fameux tableau d’Edvard Munch, surtout le matin au réveil quand je me regarde dans le miroir.

L’étrange disparition

«Garçon ! Un Ouest-Eclair au café sans sucre, s’il vous plaît», chanta Violette, assise à la terrasse d’un bistrot, près du château des ducs de Bretagne. «Je vois que madame a de l’humour !» répondit le garçon, également en chantant. Une brume matinale enveloppait la ville. Quand la commande arriva, Violette se mit à parcourir le journal qu’elle avait emprunté à la table voisine. Elle s’arrêta sur un fait divers qui occupait une page entière. L’étrange disparition défrayait la chronique depuis plusieurs semaines. Un vrai feuilleton relaté par une journaliste dont la plume s’attachait à brosser des détails succulents ! L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels appuyait l’équipe nantaise chargée de l’enquête. Quelle affaire ! Le musée d’arts de Nantes déplorait une perte étrange, déconcertante… Un morceau d’une oeuvre abstraite s’était détaché. Volatilisé ! Avait été effacé. Avait disparu. « Un vol mais pas vraiment un vol…», bredouilla le conservateur en chef, devant l’ampleur du désastre. Sonia Delaunay fut aussitôt contactée. «Mon serpent noir, mon serpent noir ! Et sa blanche dorsale…», fonda-t-elle sous des larmes de crocodile. «Rendez- moi mon serpent noir !» marmonna-t-elle d’une voix plaintive. Puis elle sombra dans un profond silence, à vingt mille lieux sous les mers, loin des sarcasmes. Car on allait très certainement la railler! Tout cela n’avait ni queue ni tête ! Son tableau avait perdu toute sa raison d’être! Le gros serpent noir, et sa dorsale blanche, était censé traverser la toile, de gauche à droite, et glisser comme animé par une force centrifuge, vers un paysage flouté de formes rectilignes et colorées… Aujourd’hui, c’était le cerveau de Sonia Delaunay qui était dans le flou… Les flics de l’art au début tâtonnèrent. Quelle galère! On lança un appel à témoins. Les lignes téléphoniques de la brigade de l’art abstrait, ainsi renommée pour la circonstance, furent très vite saturées. Écartant d’emblée les canulars, on s’intéressa à certains témoins… Louis Poirier, un brillant élève au Grand Lycée de Nantes, avait, depuis la fenêtre de son dortoir, aperçu l’énorme serpent glisser le long d’un tulipier de Virginie du jardin des plantes ! Aucun autre camarade de l’internat ne put le confirmer. Les flics, dare-dare, penchèrent plutôt vers l’imagination fertile d’un jeune adolescent… François Guilbaud, un ouvrier des chantiers Dubigeon, marchait le long d’un quai à la tombée de la nuit, quand soudainement il surprit l’imposant serpent, «immobile, enroulé autour d’une bitte d’amarrage» avait-il précisé. Cependant, les flics maîtrisaient l’art de la déduction: le témoin revenait d’une virée dans les bistrots de Trentemoult, il avait eu beaucoup de peine, selon les propos du concierge, à regagner sa chambre située au dernier étage d’un immeuble de la rue du Roi-Albert… Ce François aurait très probablement confondu le reptile avec une aussière! Un autre témoin oculaire, dit Jacquot de Nantes, lors d’une traversée dans la nacelle du transbordeur, affirmait avoir filmé la nage du célèbre serpent. Mais le film n’avait pu révéler qu’un montage d’images digne des collages des surréalistes. Désarçonnée, la brigade ophiologue fit appel à André Breton, auteur de «Martinique, Charmeuse de serpents». Celui-ci, examina le film. «Hum! Un cinéaste en herbe mais qui peut prédire l’avenir ? Ah, ah !». «Toutefois, point de serpent noir dans ce film, malheureusement», conclut le poète de façon manifeste. Les flics piquèrent leur fard, mécontents de s’être fait berner par ce filou de Jacquot ! Malgré quelques déconvenues, l’enquête pu avancer. On apprit en outre que la peintre Sonia Delaunay avait récemment quitté la ville. Sans prévenir. Son entourage disait que son départ était sans retour… Violette referma le journal. « Quelle étrange disparition !», songea-t-elle… Elle marchait maintenant vers la gare d’Orléans, laissant sur sa droite les deux tours Lefèvre-Utile. La brume s’était dissipée. Ce matin-là, il ne pleuvait pas sur Nantes.

Bernard B